Coralie PEREZ est économiste, ingénieure de recherche à l'Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Elle est membre du Centre d'économie de la Sorbonne (Cnrs-Univ de Paris 1).
Resumé
Soumis à des objectifs chiffrés, des procédures rigides et des réorganisations fréquentes, les salariés considèrent souvent que leur travail perd son sens. Comment réagissent-t-ils à ces difficultés? Cherchent-ils à partir pour trouver un meilleur emploi ? Quel est le lien entre l’évolution du sens du travail et l'absentéisme pour maladie? Dans l'ouvrage co-écrit avec Thomas Coutrot, Redonner du sens au travail, nous proposons une définition originale du sens du travail en référence à la psychodynamique du travail. Nos résultats, adossés à l’analyse du panel 2013-2016 de l’enquête nationale sur les Conditions de travail, confirment l'intérêt de prendre en compte le sens du travail (et ses conditions de production) pour comprendre les comportements des salariés (mobilité, absentéisme...) et au-delà penser les voies d'une émancipation par et dans le travail. Le lien pour le seminaire
prof. Marie-Anne Dujarier
Marie-Anne DUJARIER est sociologue, professeure à l’Université Paris Cité, à Institut des Humanités, Sciences et Société (IHSS) où elle est responsable du Master Sociologie Clinique et Psychosociologie. Elle est chercheure au Laboratoire de Changement Social et Politique (LCSP) et associée au LISE (Cnaam/ Cnrs).
Les valeurs du travail
Interrogeant la signification attribuée du mot «travail» dans nos sociétés, Marie-Anne Dujarier montre ses variations historiques. En outre, le travail est régulièrement brandi comme une valeur. Pourtant, la grande polysémie du mot invite plutôt à le déplier et à considérer les valeurs qu’il charrie. Quittant alors les débats binaires sur le travail, il s’agira de considérer les rapports et conflits entre ces valeurs, d’une part, et les usages politiques et moraux qui en sont fait, d’autre part.
prof. Tomasz Schramm
Tomasz SCHRAMM est Professeur émérite de l'Université Adam Mickiewicz, Poznań, Pologne (Faculté d'Histoire). Ses domaines de recherche sont: l'histoire politique des 19e et 20e siècles (en particulier les relations franco-polonaises), l'histoire européenne.
Il préside, depuis 2016, le Comité des Sciences Historiques auprès de l'Académie Polonaise des Sciences et il est le co-Président du Comité d'Organisation du vingt-troisième Congrès International des Sciences Historiques (Poznań 2022). De 2012 à 2020, il a été membre du Centralna Komisja do Spraw Stopni i Tytułów Naukowych [organisme central polonais chargé de la procédure d'octroi des titres et degrés scientifiques].De 2000 à 2022, il a été Vice-président de l'Association Internationale d'Histoire Contemporaine de l'Europe, et il est membre, depuis 2004, du Bureau de la Société Polonaise d'Histoire. Il est, par ailleurs, Docteur honoris causa de l'Université Jan Kochanowski (Kielce) et a été Consul honoraire de la République Française à Poznań de 2006 à 2019.
Le travail universitaire dans le monde d'aujourd'hui (resumé)
“Nous nous proposons, avec cette conférence, d'aborder le travail universitaire dans notre monde actuel en nous faisant le messager de quelques auteurs polonais et français ayant écrit et réfléchi sur ce thème. Ces réflexions portent sur plusieurs points. Piotr Sztompka aborde ainsi le problème des conflits à l'Université provoqués par les chocs de cultures antagonistes entre le monde universitaire et le monde de l'entreprise qui conduit, comme le souligne Alain Supiot, à "l'assimilation de l'enseignement supérieur et de la recherche à un marché, soumis aux exigences de rendement et de compétitivité". Ainsi, l'autonomie des universités apparait en fait comme un leurre et une manière de l'asservir à d'autres logiques."
prof. Jérôme Gautié
Professeur à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne depuis 2005, enseignant à l'Institut d'Administration Economique et Sociale (composante de l'Ecole de Droit de la Sorbonne) ; chercheur au Centre d'Economie de la Sorbonne ; responsable du Master 2 Anticipation et Gestion de l'Emploi et des Compétences (AGEC), ainsi que de la mention de Master "Administration Economique et Sociale". Thèmes de recherche: Economie du travail, des relations professionnelles et des politiques de l'emploi, Epistémologie et histoire de la pensée économique, Histoire économique et sociale du travail, du chômage, des salaires. Responsable du programme scientifique "Economie Politique" au Centre d'Economie de la Sorbonne
Jérôme Gautié est professeur d’économie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, où il a dirigé l’Institut des Sciences Sociales du Travail (2009-2014), dont la mission est de concevoir des formations universitaires pour des responsables syndicaux. Chercheur au Centre d’Economie de la Sorbonne, et chercheur associé au CEPREMAP (Centre pour la recherche économique et ses applications), il préside aussi depuis 2013 le conseil scientifique de Pôle Emploi faisant le pont entre l’opérateur du service public de l’emploi et le monde de la recherche. Ses recherches portent sur le travail et les politiques de l’emploi, aussi dans une perspective historique. Il a notamment contribué à la coordination d’une recherche internationale sur le travail à bas salaires en Europe et aux Etats-Unis dont les résultats ont été présentés dans Gautié et Schmitt J. (eds), Low Wage Work in the Wealthy World, New York: Russell Sage Foundation, 2010. Il s’est intéressé plus récemment à l’histoire des politiques du salaire minimum et les débats académiques qu’elles suscitent, notamment dans l’ouvrage Le salaire minimum et l’emploi, Les Presses de Sciences Po, 2020, mais aussi aux nouvelles formes d’organisation du travail, notamment le «taylorisme numérique», ou encore les formes d’organisation et de management plus ou moins participatives, en étudiant notamment les spécificités nationales en la matière – voir notamment Jérôme Gautié, Karen Jaehrling et Coralie Perez (2020). « Neo-Taylorism in the Digital Age: Workplace Transformations in French and German Retail Warehouses ».Relations Industrielles / Industrial Relations, 75 (4) ; et Roland Ahlstrand et Jérôme Gautié, “Labour–management relations and employee involvement in lean production systems in different national contexts: A comparison of French and Swedish aerospace companies», Economics and Industrial Democracy, 2022.
Le progrès technique, à travers la révolution numérique – ou encore, «digitale», selon le terme emprunté à l’anglais – est redevenu une préoccupation majeure au cours de la dernière décennie, non seulement pour les économistes et les spécialistes du marché du travail, mais aussi pour les décideurs publics. Ce sont surtout ses potentiels effets sur le volume des emplois qui focalisent l’attention. Réapparaît la crainte multiséculaire d’un chômage technologique résultant du remplacement de l’homme par la machine (aujourd’hui les robots et les algorithmes d’intelligence artificielle), alimentée par les résultats de certaines études particulièrement alarmistes. Il faut cependant dépasser une approche trop ancrée dans le déterminisme technologique, et en même trop focalisée sur la seule question du volume d’emploi. Le processus de numérisation («digitalisation») - au sens large-, n’affecte pas seulement (voire principalement) le nombre d’emplois, mais aussi (et surtout) leur nature, ou encore leur «qualité». Le concept de «qualité de l’emploi» (QE) intègre l’activité de travail et renvoie à l’ensemble des conditions de travail et d’emploi: rythme de travail, degré d’autonomie dans le travail, horaires, statut d’emploi (contrat permanent ou précaire), salaire mais aussi compétences requises et opportunité de se former et de pouvoir avoir une carrière ascendante. L’enjeu est d’analyser comment les innovations peuvent avoir un effet sur les différentes dimensions de la QE, pour comprendre la diversité des scénarios possibles selon les métiers et les secteurs.
prof. David Cayla
David Cayla est enseignant-chercheur (Assistant professor) à l'université d'Angers, membre du Granem et vice-doyen chargé de la pédagogie à la faculté de droit, d'économie et de gestion. Attaché à une économie ouverte sur les autres sciences sociales, il est membre du collectif Les économistes atterrés.
:Publications récentes de David CAYLA:
• Revues scientifiques à comité de lecture:
"How the Digital Economy Challenges the Neoliberal Agenda: Lessons from the Antitrust Policies", Journal of Economic Issues, juin 2022, Vol. 56, No 2, pp. 546-543.
"The Rise of Populist Movements in Europe: A Response to European Ordoliberalism?", Journal of Economic Issues, Juin 2019, Vol 53, No 2, pp. 355-362 (HCERES B).
• Ouvrages en français:
Déclin et chute du néolibéralisme, De Boeck Supérieur, Louvain-la-Neuve, oct. 2022, 288 p.
Populisme et néolibéralisme, De Boeck Supérieur, Louvain-la-Neuve, oct. 2020, 304 p.
• Ouvrages en anglais:
The Decline and Fall of Neoliberalism : Rebuilding the economy in an Age of crisis, Routledge, Londres, New York, 2023 (à paraître).
Populism and neoliberalism, Routledge, Londres, New York, mars 2021, 190 p.
• Chapitres d'ouvrages:
"Le revenu universel, instrument de l’imaginaire néolibéral", dans G. CHÂTON et M. LONG, Le revenu universel, une utopie pour le XXIe siècle ?, Berger-Levrault, Paris, oct. 2022, pp. 133-147.
"Le 'vivre ensemble' face au projet néolibéral", dans C. Bouriau, A. Moine et M. Rota (dir), Le vivre ensemble saisi par le droit, Pédone, avr. 2021, Paris, pp. 223-238.
Dominique Méda est ancienne élève de l'Ecole Normale Supérieure et de l'Ecole Nationale d'Administration. Elle est aujourd'hui professeure de sociologie à l'Université Paris Dauphine-PSL et directrice de l'Institut de Recherche Interdisciplinaire en Sciences Sociales. Elle a écrit de nombreux ouvrages sur le travail ainsi que sur les politiques économiques et sociales. Parmi ses récents ouvrages : "Une autre voie est possible. Vers un modèle social-écologique", avec Eric Heyer et Pascal Lokiec ; "Manifeste Travail. Démocratiser, démarchandiser, dépolluer", avec Isabelle ferreras et Julie Battilana ; "Faut-il attendre la croissance ? ", avec Florence Jany-Catrice. Elle tient une chronique régulière dans le Monde et publie le 20 octobre : C'étaient les années Macron, recueil des chroniques de 2018 à 2022.